En thermes purement techniques, c'est le résultat d'un assemblage de forge de plusieurs métaux différents. Un art difficile à maîtriser du fait d'une possibilité gigantesque d'assemblage de métaux différents qui ne réagissent pas du tout de la même façon dans le feu de la forge et sous les coups de marteau. Un art plein de subtilités. Tel un magicien, le forgeron assemble, tord, plie ces bouts de métaux selon un ordre bien établi afin de faire découvrir aux yeux des gens qui auront la chance de voir le travail fini, les majestueux dessins qu'il avait choisit de faire apparaître sur sa lame.
On distingue, allez on va dire 3 grandes sortes de damas différents, sans compter l'acier Woots, "damas" naturel de part son agencement cristallin, Georges Emeriau en parle sur son site. Le damas dont je vous parle est en réalité un assemblage de différentes nuances d'acier dur et d'acier doux, de fer pur ou de nickel pur pour les contrastes plus marqués lors de la révélation du dessin. C'est donc un acier damas de corroyage. L'empilage des couches de métaux est soudé à la forge.
Il y a donc un damas "simple"
dit feuilleté ou multicouches, qui est en fait le point de départ de presque
tous les autres, c'est la technique de base. Elle permet de réaliser un grand
nombre de dessins différents, parmis lesquels la peau de grenouille, l'échelle
de Mahomet, la rose ............
Votre imaginaire débordant peut vous faire faire une infinité de dessin. Le
nombre de couche va dépendre de votre lopin de départ et de votre ardeur à l'étirer,
le replier et l'étirer, etc. ...
,
sachant que ce nombre double au minimum à chaque pliage
.
Comme dans beaucoup de damas, la finesse du dessin final dépend de ce nombre
de couches.
A partir du multicouche,
il y a le damas torsadé .
Là aussi votre esprit tortueux mis en marche peut vous faire faire des choses
très variées. Le principe est de faire des torsades sur un damas feuilleté forgé
en carré ou en rond
.
En fonction du nombre de tour que l'on va faire
,
et du nombre de couches, le dessin obtenu vari
.
Il va changer aussi en fonction de la profondeur à laquelle on va aller le chercher
.
Il va s'en dire que pour réaliser
de jolis motifs torsadés, il faut avoir forgé un feuilleté avec des couches
le plus parallèle possible et surtout ne pas l'avoir dégradé dans la phase d'étirage
et de mise en carré. Il faut également faire une torsade très régulière, chose
pas facile sur un barreau de grande longueur
.
Faire une lame avec un feuilleté
simple est relativement aisé, mais dés que l'on s'attaque à la torsade, il faudrait
un barreau d'une section si grosse que l'on aurait une perte de matière énorme,
car pour conserver le dessin intact après la torsade, il faut préférer la technique
du "stock removal" ou d'enlèvement de matière pour former la lame,
à la technique de forge au plus prés des cotes finales. On va donc se diriger
vers le damas dis multi barreaux .
Cela va permettre de faire des barreaux de faible section et ainsi de moins
gaspiller la matière. Cette technique va permettre de faire des lames de toutes
les tailles suivant le nombre de barreaux soudés entre eux.
Le choix des aciers du feuilleté va déterminer la mise en place ou non de la technique du tranchant rapporté ou celle du sandwich. En effet pour avoir un bon pouvoir de coupe, il faut un taux de carbone suffisamment élevé. Donc si votre choix c'est porté pour un mélange à faible taux de carbone, il va falloir obligatoirement mettre un tranchant valable. Le sandwich reste simple dans la fabrication, mais devient plus délicat à l'émouture, où il faut être très méticuleux pour avoir une symétrie parfaite des deux cotés de la lame. C'est pourquoi personnellement je privilégie le tranchant rapporté. Celui-ci peut également être un feuilleté torsadé ou non, ayant un taux de carbone suffisant.
C'est maintenant avec un mélange
de ces techniques que l'on va passer à l'étape suivante, le mosaïque. Le mosaïque
est en fait un assemblage multi barreaux,
le tout torsadé, ce qui aura pour conséquence de faire répéter un motif très
régulièrement sur toute la lame
.
Il faut avoir une maîtrise parfaite du marteau pour réussire une mosaïque, en
effet un coup malheureux suffit à détruire irrémédiablement le dessin. C'est
surtout la phase d'étirage qui est délicate, la trousse de départ étant très
grosse. Tout comme le torsadé simple, le barreau obtenu devra être énorme si
l'on veut tailler une lame dedans. Il va donc falloir assembler plusieurs barreaux
de mosaïque et y adjoindre un tranchant
afin de ne pas gaspiller la matière. Je ne vais pas m'étendre plus sur cette
technique car je suis très loin d'y arriver, mais je vous invite à visiter le
site de Claude
Schosseler qui maîtrise parfaitement la
mosaïque et à qui j'ai empreinté quelques photos pour illustrer ce passage.
C'est en grosse partie grâce à ces conseils, qu'il a bien voulu me donner que
j'ai pu réaliser mon premier multi barreaux torsadés digne de ce nom
et je l'en remercie. Vous pouvez également lire l'article qui lui est consacré
dans La Passion
des Couteaux
C'est grâce à ces conseils que j'ai pu réaliser mon premier damas mosaïque, en forme d'étoile dont voilà la petite histoire.
Tout
a commencé en regardant le site web de Claude Schosseler et ces magnifiques
réalisations. C'est en fait à cause de lui que j'ai décidé de me lancer ce défi,
un peu fou je le conçois, mais ce fut une expérience formidable pour moi. Je
me demandais si j'étais capable de faire une lame en damas mosaïque étoile telle
que Claude sait les faire avec une rare maîtrise.
Me
voilà donc parti dans l'aventure, car en effet cela en est une. Faire une mosaïque
comme celle-là en utilisant simplement un marteau n'est pas une mince affaire,
mais je me suis dis que cela ne pouvait pas être impossible puisque des lames
mosaïques ont déjà été faites bien avant l'ère du marteau pilon ou du martinet…
Afin de me faciliter la première tache qui consiste à faire une barre multicouche de section carrée avec des couches parfaitement parallèles, j'ai fait cette barre en "trichant" un peu. En effet, j'ai utilisé cinq morceaux de plat d'une trentaine de centimètres chacun et large d'environ un centimètre. Une fois cette barre soudée correctement, il a fallu jouer du marteau afin de la préparer pour la deuxième phase. Ceci fait, la barre a été coupée en quatre morceaux et assemblée de façon à faire apparaître en bout, la première étoile. Pour faciliter cette tâche, après la coupe, les bouts ont subi un polissage et ont été passé au perchlorure de fer.
Il s'en suit maintenant une phase délicate, la soudure de cette nouvelle trousse.
Une
fois cela fait, une longue phase d'étirage commence tout aussi délicate que
celle de la soudure puisqu'il faut absolument ne pas faire bouger le motif.
Beaucoup plus facile à dire qu'à faire, en effet, pour moi, cela n'a pas été
le cas. Le motif a légèrement tourné, mais dans mon malheur, cela a été uniforme
sur toute la longueur de la nouvelle barre. Je pense être certain que la cause
de mon souci est due au fait que mon marteau ne doit pas arriver pile poil à
plat.
Je me retrouve maintenant de nouveau avec une longue barre carrée que je recoupe en quatre afin de l'assembler de nouveau comme précédemment. Le processus soudure étirage recommence afin de se retrouver encre une fois avec une barre carrée de la section désirée.
Une autre phase délicate est maintenant effectuée, les torsades. La barre obtenue est torsadée sur la moitié de sa longueur à droite, sur l'autre à gauche, puis elle est remise au carré et coupée en deux .
Après cela, un morceau d'acier suffisamment carburé est préparé afin de servir de tranchant rapporté. Les surfaces de ces morceaux sont préparées pour la prochaine phase, qui consiste à les souder entre eux. J'ai commencé par souder ensemble les deux torsades. La hauteur de lame avec le tranchant faisait petit, alors sur les conseils éclairés de mon mentor, pour la beauté de la future lame, il fallait habiller ces étoiles. Je suis donc reparti à la forge et j'ai soudé deux barres de quatre couches chacune, une pour le dos et une pour mettre entre le tranchant et les étoiles. Me voilà avec quatre barres à souder entre elle pour qu'enfin apparaisse une ébauche de lame. Une fois ceci fait, il me restait à courber le lopin pour confectionner la future pointe et à sortir une soie puisque c'est le montage que j'avais choisi.
C'est
maintenant qu'arrive un moment de plaisir, aller chercher le motif dans l'épaisseur,
en enlevant de la matière de façon égale de chaque coté. Cette tâche m'a été
grandement facilitée par l'extrême gentillesse de Claude qui c'est proposé d'user
de sa fraiseuse. Je l'en remercie par ailleurs car j'avais déjà goûté aux joies
de l'enlèvement manuel avec un autre de mes couteaux fait sur un peu le même
principe, le Twist and Twist, visible dans la galerie. C'est une opération longue
et laborieuse que j'avais presque entièrement fait à la main n'ayant pas de
backstand, j'avais juste fait un léger dégrossissage à la disqueuse. Mais ce
coup-ci, il m'a enlevé une sacré épine du pied. Donc Claude encore merci.
Il existe bien d'autres techniques, encore plus complexes, mais je ne suis pas assez qualifié à l'heure actuelle pour vous les exposer. Ces techniques nécessitent des années d'expérience et d'expérimentations en tout genres que je suis très loin d'avoir et de pouvoir faire.
Voilà j'espère vous avoir donné l'envie d'aller plus loin avec ces quelques explications comme j'ai envie de le faire chaque fois que je réussi à franchir une étape avec succès grâce aux conseils que j'ai pu récolter sur les différents forums français, le forum des couteliers forgerons francophones, le bar de la forge et le forum du site de La Passion des Couteaux.
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